L'hérédité

[Aurélie]

Bonjour,

Je viens à vous pour vous demander vos différents avis sur le thème de l'hérédité...Plusieurs personnes rencontrées ont des difficultés à se sortir de leur famille qui inconsciemment ou pas leur prennent une telle énergie qu'après dans leur propre vie, ils n'arrivent plus à entretenir leur flamme pour s'épanouir...
Une jeune femme connait de multiples blessures (sa maman et son frère sont décédés de cancers et elle vient d'apprendre que son père est aussi atteint d'un cancer, cette femme est anorexique et déprimée...)

Comment faire pour tenter de vivre le plus sereinement possible...Etre dans l'acceptation de ce qui se passe, comment est-ce possible d'accepter totalement la maladie ou le rejet par exemple de sa famille? Se sentir rejeter et les aimer malgré tout alors que la personne essaie de mettre une distance responsable et de protection sans juger la famille mais cette personne subit sans cesse des harcèlements...

Comment faire pour vivre sa vie au mieux pour soi alors qu'une partie de cette hérédité enlève de l'énergie...

Sans savoir les défauts et qualités de nos ancêtres (car inconnus), peut-on être bloqué ou ressentir des peurs, des colères qu'on n'arrive pas à surmonter à cause de cette hérédité dans notre vie car quelque part on a en nous tous une part génétique de nos ancêtres bon et mauvais...Doit-on en prendre conscience et se libérer de tout cela ou peut-on soi-même se libérer tout seul sans faire un travail dessus?

Merci pour vos lumières

[André Baechler]

Bonjour

L'hérédité est une part de nous, cette part génétique de nous héritée de nos ancêtres, la marque de fabrication de notre "véhicule" qui a ses forces et ses faiblesses, ses qualités, ses petits ou gros défauts de série. Et je suis convaincu que ce véhicule, nous le choisissons en fonction de nos projets de vie et de sa disponibilité... mais ceci est un autre débat

Alors oui, génétiquement nous sommes liés à nos ancêtres et nous devons composer avec cet héritage, même s'il s'avère parfois handicapant ou confrontant. Mais au delà de l'hérédité, chaque âme est unique, même entre deux frères jumeaux. Et c'est là qu'il serait faut de vouloir réduire l'être humain à un pur héritage de ses ancêtres et de leur passé.

Je peux trouver quelqu'un qui a la même voiture que moi, identique, même couleur, mêmes options... mais au delà de cette parfaite ressemblance extérieure, je n'aurai peut-être aucune envie de partager quoi que ce soit avec son conducteur. Tout cela pour dire qu'il ne suffit pas de naître dans une famille pour avoir des affinités avec ses membres.

Il arrive bien souvent que certaines personnes se sentent totalement étrangères à leur famille, même si elles paraissent sorties du même moule Peut-être devrions-nous accepter cette évidence et prendre de la distance si nous ne percevons pas d'affinité particulière ? Les animaux gèrent très bien la chose, car au delà du coté fonctionnel et pratique (la mère qui protège et nourrit les petits), une fois adulte, l'animal n'entretient que rarement un lien avec sa famille génétique.

comment est-ce possible d'accepter totalement la maladie ou le rejet par exemple de sa famille?

La situation peut être dramatique lorsqu'elle survient durant l'enfance ou l'adolescence. Mais une fois adulte nous devons accepter que des membres de notre famille n'aient pas forcément envie d'entretenir avec nous une relation (et inversement), sans avoir à le justifier par un problème quelconque. Mais si souvent l'être humain s'acharne. Il suffit d'observer le concentré d'hypocrisie qui règne durant les fêtes de Noël où bien des familles se retrouvent juste par obligation d'honorer la similarité de leur bagage génétique En ouvrant un peu nos oreilles, nous entendons ce même refrain de nombreuses personnes qui s'en plaignent et se réjouissent que les fêtes soient passées. Bien évidemment je n'en fais pas une généralité et il y a de nombreuses familles sincèrement unies, non par le lien du sang, mais par de réelles affinités.

Il est important je crois de prendre conscience que nous ne sommes pas notre véhicule, car du temps que nous nous identifions à lui, nous sommes pris dans le filet de l'illusion qui fait de nous un pur produit de nos ancêtres. Etre pleinement soi-même, c'est être conscient que notre essence a décidé d'expérimenter la vie en choisissant la branche de l'arbre généalogique de l'humanité la plus appropriée, selon ce qu'elle souhaite expérimenter.

Voila pour ce qui est de mes convictions

[Martine]

Bonjour Aurélie,

Ce sujet me parle énormément puisque depuis l'automne 2010, je suis une formation en Systémique dont les schémas ancestraux font partie intégrante.

Nous travaillons cette année sur le genogramme (arbre généalogique). Celui-ci, quand on en étudie certaines facettes ou thèmes, nous livre des informations importantes.

Certaines amènent à des prises de consciences qui permettent simplement de couper ces schémas. D'autres sont plus difficiles à transformer par le fait des douleurs vécues, des valeurs transmises etc.

Par exemple, on peut se demander ce qui se joue dans une famille où tous les garçons premiers nés sont morts à la naissance ou en bas âge ou encore, en raison des progrès de la médecine, vivent aujourd'hui mais ont rencontré de grandes difficultés physiques à vivre leurs premiers mois/années.

Dans l'exemple de la jeune fille dont tu parles, j'aurais envie de dire qu'elle a déjà transformé quelque chose puisqu'elle vit des souffrances physiques différentes de celles de sa famille. C'est une interprétation rapide et facile qui n'est qu'un piètre exemple puisque je ne sais rien d'autre d'elle. N'utilise pas cette idée auprès d'elle biensûr, c'est juste une illustration

On pourrait encore aller chercher ce que ça fait en elle de couper ces loyautés en étant malade mais d'autre chose que les autres.

Alors oui, on peut aller travailler sur les lien généalogiques, ancestraux etc mais c'est à chacun d'en faire le choix ou non. Et surtout, ce n'est pas une obligation, bien entendu. Tout le monde ne se demande pas pourquoi les événements ou maladies se répètent. Certains ne le voient pas. Certains ne veulent pas savoir et un grand nombre n'en éprouvent aucun besoin.

Encore une fois, même si là, il s'agit d'une autre source de développement personnel, tout comme pour le Reiki, il n'y a aucune règle dans la choix de mener sa vie et d'avancer sur son chemin, sauf le respect et le travail avec le coeur.

Bel après-midi

[Martine]

Quelle synchronisation ! ... Je poste ma réponse 1min après celle d'André qui prend un tout autre chemin mais qui me parle tout autant

[Bruno]

Bonjour, j'ai un ami qui a fait de la psycho-généalogie pendant plusieurs année, il a alors fait un pas de géant dans son évolution. Je crois également que nous portons tous l'héritage de nos ancêtres plus ou moins lointains. Il y a des méthodes pour lâcher du lest dont celle que j'ai citée qui me parle beaucoup mais qui demande un certain travaille.

Belle journée à vous, ici sous la pluie, ça fait du bien ça nettoie ... Tant que ça n'inonde pas...

[Aurélie]

Merci pour vos éclairages...

Mais si l'on part de l'hypothèse que nous choisissons notre famille avant de venir sur Terre, vient-on pour libérer une situation pour ceux qui nous entourent et en même temps pour nous... Qu'en pensez-vous?

[Martine]

Peut-être que oui... Ou pas

Ma croyance, qui n'est que ma croyance, est que le passé est passé... Si je tente de libérer quelque chose, c'est pour moi... On peut imaginer préserver nos enfants de ce qui traine depuis des générations, noble pensée, mais chaque membre d'une famille est certainement créateur d'autres situations qui deviendront peut-être trop lourdes pour certains. Chacun est unique, encore une fois et chacun ne peut faire que pour lui.

Un autre exemple bidon : une mère qui cultive la "magie de Noel" et qui crée une tradition familiale qui se passe de génération en génération. Il se peut qu'à un moment, quelqu'un vive très mal cette tradition dont plus personne ne se souvient du sens exact donné par l'initiatrice. Si cette personne se force, elle peut développer quelque chose jusqu'à ce qu'un jour, un descendant dise stop !

Ceci démontre qu'au départ, bien des blocages ou schémas ont été installés dans la joie, le plaisir ou même l'amour. Puis, la vie évolue, le Temps passe et ce qui était bon pour la fameuse mère, 4, 5 ou 6 générations plus tôt, devienne néfaste, lourd ou insupportable pour un descendant. Lui-même se trouvant confronté à ses propres besoins et les loyautés dont il n'a pas besoin mais qui sont des loyautés tout de même... Alors que faire ? Vivre ce qu'il veut et "trahir" cette loyauté ou s'y soumettre et reproduire ? Il n'y a pas de règle là-non plus. À chacun de savoir s'il continue ou pas selon son coeur.

Si on prétend choisir la famille dans laquelle on vient, et bien il s'agit peut-être justement de venir tester ses propres loyautés.

Personnellement, je pense qu'il n'est pas bon de vouloir aller assainir les générations passées puisqu'elles sont passées. Qui peut dire que ce qui est lourd pour nous ici et maintenant l'était pour une arrière-grand-mère ?... Pensons à ses valeurs, son époque de vie, son éducations etc... Respectons les autres, respectons-nous.

[André Baechler]

pour libérer une situation pour ceux qui nous entourent et en même temps pour nous

D'accord avec toi Aurélie, au détail près que j'inverserais les priorités ("pour libérer une situation personnelle et en même temps pour autrui"). Je trouve que les gens cherchent un peu trop souvent à justifier leur condition humaine par un rôle qu'elles auraient à assumer face à autrui. Voilà peut-être pour beaucoup une bonne façon de se fuir et de justifier leur propre impuissance à travers les autres. Donc j'aurais tendance à penser que l'on vient avant tout pour soi, car tout se qui se passe à l'extérieur n'est que le reflet de notre intérieur... et la seule personne que l'on puisse changer, c'est soi-même

Mais nous voilà dans un autre débat

[Aurélie]

Tout à fait d'accord sur l'ordre des priorités...Mais si l'on prend un exemple précis: Une personne de mon entourage vit le rejet de sa maman depuis la naissance au contraire de ses deux frères...Cette amie comprend comme elle le dit "la moitié du temps" par une compréhension d'une souffrance de la vie de sa mère et de l'autre une non confiance en elle du fait d'avoir vécu ce rejet qui n'est pas facile à vivre...

Selon l'hypothèse que nous choisissons notre famille, c'est à elle seule d'essayer d'accepter cela ou de faire en sorte d'être lucide quant à la situation qui ne changera jamais et de faire en sorte de créer sa vie à elle selon son coeur...

Ainsi, pour résumer selon les conditions les pires qu'il puisse exister, c'est à chacun de trouver une solution, une libération pour déjà éviter de s'embourber dans ces relations pour se trouver soi et acquérir la force nécessaire de créer un noyau d'amour pour soi...Arriver à rester lucide sur cette hérédité en arrivant à surmonter les émotions qui touchent quand même à une partie intime de soi...tout en sachant que chacun a ses souffrances, que déjà être responsable de soi est déjà un grand pas ou de le comprendre...Pas facile à le vivre au quotidien malgré tout...

En tout cas merci pour ces lumières qui aident beaucoup

[Camino]

Pour apporter ma petite contribution, voici quelques mots :

J'ai fait de la psycho-généalogie, toute seule, et ce fut un éclairage très intéressant sur ma famille.
J'ai découvert par exemple que porter un prénom avec la racine Luc n'était pas un cadeau au départ...,
ou encore que les tuberculoses et autres problèmes respiratoires à chaque génération étaient arrivés jusqu'à moi, seule de ma fratrie de 6 à en avoir "hérité"..
Dommage pour moi.
Pour autant, je n'ai pas fait de grand pas.

Bien plus tard, je me suis trouvée envahie d'une immense tristesse que je percevais extérieure à moi.
La kinésiologie m'a permis de comprendre que j'étais dépositaire d'un secret de famille qui devenait trop lourd à porter.
Pourquoi m'avait-on refilé la patate chaude, à moi ?
On est tellement nombreux dans ma famille, ça aurait pu être quelqu'un d'autre !
J'ai fait le choix en conscience de déposer le paquet au bord de mon chemin, sans chercher à savoir ce que c'était, et sans le repasser à une autre personne.
Ce jour-là, j'ai dit "moi d'abord" et j'ai bien fait.

Je ne sais pas si j'ai choisi le bon véhicule ,
mais petite, j'ai toujours eu le sentiment de venir d'ailleurs et d'avoir été abandonnée à ces parents.
L'empathie n'est pas délirante mais je tente le respect et l'amour malgré tout.

Ce que je sens par contre, c'est que j'ai la responsabilité de ma vie, et donc qu'il m'appartient de décider à quelle moment je dis stop à cette famille lorsqu'elle me fait du mal.
Avec tout le respect que je me dois.

Camino (ö)