Reiki Forum

De l'autre côté
A l'aube du matin
Un voilier passe rejoignant les flots lointains
Il Est, il est la vie, il était
Je le regarde disparaitre au loin
Il est parti
Je ne le vois plus

Ses voiles sont toujours hissées
Encore il vogue au vent
Mais je ne le vois plus
De mon regard il a disparu
De ma vue, de ma vie
Mais il Est

Et quand on me dit qu'il est parti
Je sais que d'autres à l'horizon
Le voyant venir à eux
L'accueillent avec joie: "le voilà"

La mort c'est cela !

Tara


Nous avons tous perdu un être cher à nos coeurs.
Parfois l'absence est pesante, parait injustifiée, il y a des amours, des familles, des amis, brisés par le chagrin et puis il y a l'autre façon de "voir" que nous propose entre autre William Blake dans son poème "le départ" réécrit ici par Tara.

Une vision de la mort différente qui garde l'être aimé vivant. Il n'est plus accessible à la vue, mais le coeur s'ouvre plus grand encore afin de mieux écouter d'âme à âme.
L'absence devient un Au-Revoir, et l'on sait qu'il est là en nous, avec nous. Parfois il fait un clin d'oeil bien visible, encore faut-il savoir regarder, accepter, accueillir.
Il est parti dans cette autre famille qui le chéri et l'a attendu si longtemps en terme de vie terrestre, il est heureux et veille sur nous, nous guide parfois, mais toujours nous répandra sa tendresse qui nous enveloppe dès son Départ.

Tara

Merci Tara pour ce partage si sensible à chacun Espoir et espérance d'un éternel recommencé ...

J'ai commencé une formation en gestion du deuil.
Mais le deuil est un vaste sujet, très intéressant.

Bonjour

Merci Tara pour ce sujet et l'image très évocatrice du voilier qui passe d'une rive à l'autre

Sujet confrontant que celui de la mort... d'autant plus confrontant qu'il est une étape que chaque être humain traverse un jour seul. Notre société qui se dit moderne et évoluée est sans doute celle qui vit le plus mal cette transition. Si l'on observe ce que certains appellent les peuples primitifs, on constate que la mort est vécue comme une naissance, un événement important et souvent festif.

Notre refus de la mort est sans doute lié à notre mode de vie qui en a fait un tabou, une idée à laquelle il ne faut pas penser parce que ça n'est pas le moment. Alors cette idée on la repousse, on l'ignore, on tente de l'oublier, de la gommer... jusqu'au jour où... il faut franchir le pas. La mort est dans notre société un échec qu'il faudrait repousser le plus loin possible, comme si le but premier de la vie était de mourir vieux... la quantité plutôt que la qualité !

Je reste convaincu que régler ses comptes avec la mort permet de vivre beaucoup plus léger. S'accrocher à son corps amène aux pires aberrations parfois obsessionnelles. La vie terrestre n'est pas une fin en soi et à force de penser freiner cette échéance, on oublie qui l'on est tout simplement. S'accrocher et s'identifier ainsi à notre "véhicule" est une manière de mourir un peu en tentant de figer la vie...

Traverser la vie comme des vacances sur terre n'est-il pas merveilleux ? Les vacances ont ceci de merveilleux qu'elles ne durent pas. Trois jours de vacances peuvent être parfois tellement plus intenses qu'un mois. La durée importe peu finalement...?

Mon mois préféré est depuis toujours celui de septembre, le début de l'automne, cette douceur enveloppante, rappelant que la nature s'endort et achève progressivement son cycle. Les feuilles se colorent, marquant la fin de leur vie, parant la nature de couleurs si joyeuses, lumineuses, chaleureuses... La mort devrait être une réjouissance, la joie de retourner chez soi après avoir traversé une existence.

J'ai côtoyé des centaines de personnes de tous âges ayant franchi l'autre rive à ce jour, certaines durant quelques minutes et d'autres durant des années. J'ai eu avec certaines des échanges tellement intenses et profonds, mais je me suis toujours senti léger et réjoui au moment du départ. Le corridor de l'unité de soins palliatifs était à mes yeux cet aéroport où les gens transitent afin de rentrer chez eux. Chaque chambre de ce couloir était un terminal où régulièrement s'envolait un long courrier disparaissant dans un ciel immense. Voilà cette belle image qu'il me reste de six ans d'accompagnement

Je ne suis pas pressé de rentrer chez moi et à la fois je me sens prêt si l'heure du retour devait s'annoncer. J'ai vécu plus de 45 années riches et merveilleuses. Quel beau bilan s'il faut rentrer maintenant ! Et si je n'en suis qu'à la moitié, je me réjouis de la suite, malgré les limitations physiques inhérentes au temps qui passe...

Et qu'en est-il pour vous ?

André Baechler a écrit :Notre refus de la mort est sans doute lié à notre mode de vie qui en a fait un tabou, une idée à laquelle il ne faut pas penser parce que ça n'est pas le moment. Alors cette idée on la repousse, on l'ignore, on tente de l'oublier, de la gommer... jusqu'au jour où... il faut franchir le pas. La mort est dans notre société un échec qu'il faudrait repousser le plus loin possible, comme si le but premier de la vie était de mourir vieux... la quantité plutôt que la qualité !

Je crois que de plus en plus de personnes tentent "d'apprivoiser" la mort. Pour cela il existe de nouveaux artifices. Je pense par exemple aux différentes assurances vies, aux plans obsèques.
Ma grand mère que j'aime beaucoup, a tout prévu; des fleurs en passant par les chants, du choix de la pierre tombale qui existait déjà bien avant la mort de mon grand père et qui est resté vide de nombreuses années. Celui ci a été embaumé, et son caisson est pour ainsi dire "blindé".
Par ce genre d'actions les gens pensent gérer ce qui leur échappe.
Les assurances vies aident à protéger ceux qui restent et domptent ainsi le sentiment d'insécurité qui les habitent.
Je ne juge en aucun cas ces manières de faire face à l'inconnu. C'est le choix de chacun, un dialogue intérieur qui ne peut se faire que seul face à soi même.
De la métaphore de la "grande Faux" à celle de la "naissance", il n'y a qu'un pas, un pas vers soi.

La mort, la séparation, l'absence on y est tous confrontés et nous ramène toujours à nous-même.
La seule certitude que nous ayons est celle de la mort.
Je suis en pleine étude du sujet.

Bonjour

Tara a écrit :Je crois que de plus en plus de personnes tentent "d'apprivoiser" la mort. Pour cela il existe de nouveaux artifices. Je pense par exemple aux différentes assurances vies, aux plans obsèques.

Je suis dubitatif sur le fait que l'assurance vie et le plan obsèques puissent être une réelle manière d'apprivoiser la mort. Je le vois plus comme une manière d'assurer la suite pour les survivants.

Francesca tu parles "d'étudier" la mort. Mais cela aide-t-il vraiment à l'accepter? On peut étudier toutes les théories à ce sujet, mais ce ne sont pas les croyances qui aident à mieux vivre cette transition.

Moi je le perçois plus comme un travail personnel de remise en question sur mes attachements, le matériel et le sens de mes valeurs en général... Le reste n'est que théorie.

Francesca a écrit : La mort, la séparation, l'absence on y est tous confrontés et nous ramène toujours à nous-même.
La seule certitude que nous ayons est celle de la mort.
Je suis en pleine étude du sujet.

Je ne vois pas comment on peut "étudier" le sujet, mais c'est avec plaisir que je partagerai tes idées ou celles que tu apprends.

Je suis dubitatif sur le fait que l'assurance vie et le plan obsèques puissent être une réelle manière d'apprivoiser la mort. Je le vois plus comme une manière d'assurer la suite pour les survivants.

Je pense comme toi Santolin (j'ai du mal m'exprimer), cependant pour beaucoup qui le font c'est leur manière à eux d'affronter "le problème" et de se rapprocher peu à peu vers leur propre regard intérieur.

Francesca a écrit :J'ai commencé une formation en gestion du deuil.
Mais le deuil est un vaste sujet, très intéressant.

N'hésite pas à revenir nous en parler si le coeur t'en dit

Santolin a écrit :On peut étudier toutes les théories à ce sujet, mais ce ne sont pas les croyances qui aident à mieux vivre cette transition.

Oui je peux témoigner sur ce point pour avoir accompagné des religieux en fin de vie. J'ai pu constater bien souvent que des personnes très pratiquantes ou parfois bigotes vivaient très mal cette transition par peur de l'enfer. Je me souviens d'une personne qui a vécu près d'un mois sans boire (alors que la limite de vie estimée sans hydratation est d'environ une semaine) tellement elle avait peur de ne pas avoir assez souffert pour mériter sa place au paradis... alors que de nombreuses personnes athées s'en allaient très paisiblement...

Effectivement les croyances situées dans notre mental n'aident pas à mourir puisque le mental ne peut accepter l'idée de sa propre mort

Je travaille en gériatrie depuis moins d'un an et les fins de vies, je ne les vis pas toujours bien, surtout quand je me suis attachée aux personnes. Il n'y a pas de mode d'emploi face à la mort, même si l'on sait que cela fait partie de la vie. L'on me parle de rôdage face aux ressentis de la mort mais j'avoue que le chemin est dur ..