
Je voudrai vous offrir en partage un ressenti profond, éprouvé ce matin.
Je me suis éveillée à l'aube naissante, une oppression au coeur telle, que chaque inspiration me faisait mal.
J'avais l'impression d'une présence autour de moi, quelqu'un de proche et de loin en même temps, et surtout une impression "d'intouchable", de labyrinthe sans fin, de souffrance muette, d'incommunicabilité.
Le soleil se levait, j'en ai fait autant, me suis vêtue et suis allée me faire un café vert tout en essayant de rationaliser mes idées.
Peine perdue, d'un coup les larmes sont montées, rondes et chaudes dans la fraicheur matinale. Alors je suis partie marcher au bord du lac tout proche de chez moi.
J'aime ce lieu à l'heure où la brume se dissipe. Des petits lapins semblaient sortir d'un conte pour enfants. Ils gambadaient dans les clairières boisées, et je n'avais pas imaginé qu'il puissent y en avoir autant dans le coin.
D'habitude ce lieu me ressource, mais ce matin, j'étais toujours en manque d'oxygène. Je suis allée marcher le long de la petite plage, l'eau frissonnait à peine tellement tout était calme. Mes deux amis cygnes dormaient encore, la tête renversée sur leur dos entre leurs ailes, se laissant dériver comme des bouchons.
Alors, je me suis allongée sur les planches de bois qui servent de banc de plage. J'ai senti l'humidité résiduelle de la nuit envahir mon corps d'un côté, et le doux soleil de ce matin d'août, me réchauffer de l'autre côté. Entre les deux, un coeur, un souffle ... un regard.
Comme j'étais sur le côté, j'ai vu un horizon vertical, et cette verticalité m'a libérée sur le champs.
J'ai eu l'impression d'être bercée, consolée entre terre et ciel, comme protégée dans les mains de l'Univers ... Je suis restée ainsi quelques temps, jusqu'à ce que mes sens se ressaisissent, et que je puisse rentrer sereine chez-moi.
Le chemin du retour sentait bon la mirabelle ... j'ai ramassé une plume de cygne, douce, soyeuse, et si blanche ... Une plume d'ange sans doute

Annie

