Bonjour ici
Mahaut a écrit :Mais, souviens-toi, dans le sujet initial de mes messages, ce n'est pas de l'amour dont je parlais, mais de la relation. Et elle a besoin que l'amour se dise pour exister et grandir, pour devenir ce roc sur lequel tout peut se bâtir, en présence et en absence, les fondations de la relation...
Ai-je l'air de "pinailler"

comme on dit ici, si je dis que, pour moi, la relation n'a pas besoin que l'amour soit dit ? Par contre, j'admets qu'elle a besoin qu'il soit ressenti pour exister. Quelle que soit la forme de l'amour d'ailleurs... mais.. ressentir de la haine est aussi une base de relation.. donc, je rejoins l'idée qu'il faut être deux pour qu'on puisse parler de
relation.
Pour qui est-il tellement nécessaire que l'amour soit dit ? celui qui le dit ou celui qui a besoin de l'entendre ?
Pour celui qui le dit, quand il s'agit d'un "don" pur, de dire sans attendre un retour, de simplement avoir une envie irrépréssible de dire un mot gentil, quelle qu'en soit l'interprétation, on pourrait penser qu'il s'agit d'une intention pure. Attention tout de même aux dérives et à ne pas saouler, étouffer, ou en tout cas incommoder à force de dire l'amour.
Cependant, quand l'amour est simple, sans prise de pouvoir, juste sans attente mais en émerveillement de partage, il n'est, en général pas "harcelant".
Pour celui qui a besoin de l'entendre (et je dis besoin pas juste plaisir à entendre), il s'agit là d'un manque de confiance en soi, d'un besoin d'être rassuré sur les sentiments ou ressentis de l'autre. C'est un besoin qui me semble intrusif. Il y a des sous-entendus qui sont si remplis d'attentes qu'ils peuvent être ressentis comme enfermants.
Biensûr, dans la relation parent-enfant, l'enfant a besoin qu'on le rassure, qu'on lui montre et qu'on lui dise qu'on l'aime pour pouvoir se poser sur cet amour, grandir, se sentir fort et affronter la vie et surtout ... afin de connaître l'Amour pour ensuite le ressentir pour soi et pour les autres.
Mais les parents n'ont pas un besoin continuel d'entendre leur enfant leur rappeler à quel point lui les aime. Le parent le perçoit dans les gestes, les regards et la relation qu'Il a verbalisée et créée avec et autour de son enfant.
Quant un adulte fait sentir ou réclame que l'amour de l'autre (et je ne parle pas de sentiment amoureux exclusivement) doit lui être confirmé sans cesse, je pense qu'il a tout simplement besoin de se rassurer tout seul. Besoin de trouver de l'amour à tout prix (peut-être celui qu'il n'arrive pas à ressentir lui-même pour lui-même ?). Peut-être même ne vit-il que par ou au travers des autres. Sans entendre de temps en temps un "je t'aime", explicite ou induit, il n'est rien, se sent exclu, non désiré ou je ne sais quoi.
Cette demande constante, même non verbale et même quand elle est plus ou moins bien acceptée par l'autre induit des comportements qui ne sont plus autant spontanés. "ah mince, lui ai-je dit que je l'aime aujourd'hui ? j'étais dans mes pensées, mes occupations, je n'y ai pas pensé. Il faut absolument que je n'oublie pas de le lui dire, lui écrire, sinon, il/elle risque de perdre un de ses repères"... ou pire "il faut que je le lui dise parce que sinon, je vais encore avoir droit à une ribambelle de questions (est-ce que tu m'aimes, as-tu pensé à moi aujourd'hui, suis-je toujours dans tes pensées et dans ton coeur, si tu n'as pas pensé à me dire que tu m'aimes, est-ce parce que tu aimes mieux quelqu'un d'autre, si tu ne me l'as pas dit, est-ce à dire que tu peux vivre sans moi ?
Parce qu'au fond, c'est là le piège de l'Amour...
Quand on le dit Inconditionnel, on peut répondre "oui" à la question : "puis-je vivre sans l'autre ?"... sinon, chaque manque, chaque besoin de quittance, chaque attente, chaque pression sort complètement de l'Inconditionnel.
Reste à savoir qui nous sommes... des êtres incarnés avec des qualités et des défauts, des désirs, des buts, des intentions, des attentes. Tout ceci fait partie de l'être humain et c'est très bien ainsi, mais alors qu'on ne dise plus qu'on "est dans l'amour inconditionnel" alors que l'on tente au plus de s'en approcher. On voudrait le vivre, mais même le Dalaï Lama est-il capable d'un total amour inconditionnel pour des gens qui détruisent, tuent, torturent, massacrent ??? je ne pense pas.. je ne suis pas sûre qu'il puisse prétendre aimer inconditionnellement et de la même manière un bébé qu'on lui présente et un "Hitler". Après tout, il en a bien le droit.. tout Dalaï Lama qu'il soit (et si vous saviez comme je le respecte), il n'en reste pas moins Homme incarné lui aussi
Pour terminer, personnellement quand je me retrouve dans le rôle de celui qui demande à être "confirmé", je me sens hyper mal, je prends le temps de remettre en question, de chercher ce que l'autre a de si important pour que je ressente le besoin d'entendre son amour continuellement et là, je confirme qu'il s'agit de mon manque d'assurance à moi, que je peux me sentir inférieur à l'autre, que j'ai besoin qu'il/elle me rassure sur le fait que je suis importante à ses yeux etc...
Quand je me retrouve dans le rôle de celui qui est attendu, qui doit dire, qui ne doit pas oublier ou pas trop souvent, alors là, je me sens coincée, enfermée dans une relation qui ne m'apporte pas grand'chose au final. Une relation de prise de pouvoir ou de prise d'otage... mais en tout cas, je ne me sens pas libre !! et
si j'en viens à devoir dire "je t'aime", alors comme par hasard, cet amour commence à s'étioler, se distance, prend une tournure totalement différente et fini par m'agresser (même si le mot est un peu fort)
Franchement.... je déteste ressentir cette prise de pouvoir sur moi.
Outre toutes les belles choses que je tends à approcher, j'ai besoin de
cohérence dans ma vie. Quand je dis "je t'aime", c'est juste une partie de moi ou de ce que je ressens que je livre, avec mon libre-arbitre. Si je demande à entendre ce "je t'aime", j'impose, j'oblige, je quémande, mais il n'y a plus de libre arbitre.
Tout comme, dans le sentiment amoureux, on peut prétendre que ce n'est pas la tête qui choisit mais le coeur, que l'on ne maîtrise pas, que l'on ne gère pas, etc.. mais alors la
cohérence c'est d'accepter que l'autre non plus ne gère pas, ne décide pas avec la tête mais bien avec le coeur.. et parfois, les coeurs ne disent pas le même amour.... et contre ça.... comme le dit JJG, on n'y peut rien !!!
Quand on est dans les "il faut" et les "je dois" on n'agit plus avec le coeur !
Belle journée à tous
En ce qui me concerne je vais encore aller apprendre

.. un cours particulièrement intéressant... le génosociogramme, une mine d'or dans l'approche de l'être humain que nous sommes, que je croise, que j'observe et que
j'aime !
