Bonsoir à toutes et tous ,
Mardi 10 décembre dernier, dans la matinée, au cours de mes interventions chez des personnes âgées (je travaille en tant qu'aide à domicile (*), depuis quelques mois), j'ai pu suivre en pointillés la retransmission télévisée de la cérémonie d'hommage à Nelson Mandela.
D'un oeil distrait mais d'une oreille très attentive, j'écoutais le journaliste parler de l'ambiance qu'il régnait dans l'immense stade Soccer City de Soweto. Au fur et à mesure que le journaliste parlait, certaines de ses paroles résonnaient d'une façon particulière en moi, un peu comme si Nelson Mandela (me) délivrait un message à travers lui.
De temps en temps, je jetais également un oeil à ce qui se passait sur l'écran. J'ai pu remarquer les visages sombres et attristés des membres de la famille de Nelson Mandela, en particulier ceux de ses deux dernières femmes. La caméra faisait aussi voir l'ambiance curieusement festive et colorée qui régnait dans le stade, malgré la pluie battante et surtout la disparition de ce grand homme. Ces dernières images contrastaient fortement avec l'image des visages de la famille Mandela, vue quelques instants plus tôt.
Le journaliste expliquait que cette grosse pluie, rare en cette saison, était plutôt de bon augure, au regard des sud-africains et selon eux "l'âme de Nelson Mandela serait bien arrivée là où elle devait se rendre".
De même, il expliquait que contrairement "à chez nous", où les cérémonies d'enterrement sont empreintes de gravité et de tristesse, les sud-africains avaient pour habitude, de rendre hommage à la vie des personnes récemment décédées en chantant et en dansant. Et donc, pour Nelson Mandela, ils étaient en train de célébrer sa vie, son oeuvre sur terre, dans cette joie partagée.
En écoutant ces mots, cela m'a fait "tilt" ! J'ai compris en cet instant que même si la séparation avec des êtres chers n'est pas facile à vivre, si le manque se fait sentir et que le deuil est long, il est parfois bon de prendre un temps pour célébrer la vie qu'ils ont vécus et qu'il n'est pas mal vu que de chantonner une petite chanson, qu'effectuer quelques pas de danse et d'y ajouter quelques touches de couleurs pour leur rendre hommage.
Et du fait de mon nouveau métier (*), comme je côtoie pas mal de personnes âgées ainsi que leur famille, peut-être qu'à mon tour, je leur transmettrais en douceur ce message, juste pour leur apporter un peu de paix dans le coeur
En fin de compte, je me suis dit également qu'avant "le grand départ", il est bon de célébrer sa propre vie dès que cela est possible et le plus souvent possible, en chantant, en dansant ou ne serait-ce qu'en marchant, avec le sourire
Voilà donc, ce que m'a inspiré Madiba, de là où il est à présent
Belle soirée à toutes et tous
Marielle
(*) Peut-être qu'un jour je vous ferai part de mon regard concernant le métier d'aide à domicile
Célébrer la Vie
- André Baechler
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Re: Célébrer la Vie
Bonsoir
Merci Marielle pour cette belle réflexion
Dans notre société l'être humain doit souvent approcher la mort pour prendre conscience qu'il est vivant. Etre vivant est tristement routinier et banal pour la plupart des gens qui ont oublié que "vie sur terre" ne rime pas avec "éternité". J'ai senti bien souvent le regret dans les propos de personnes en fin de vie, ce regret de ne pas avoir vraiment vécu, de ne pas avoir osé, d'être passé à côté... Ça m'a personnellement profondément interpellé !
Ainsi je crois avoir appris au fil du temps à célébrer la vie à ma façon, plutôt discrètement, dans la contemplation, les joies simples que peuvent me procurer une parole, un paysage, un oiseau... Et cela m'emplit de bonheur, sans raison diront certains, ne comprenant pas que l'on puisse s'extasier devant tant de banalité ! Mais pour rien au monde je n'échangerais ma vie banale avec leur prétendu bonheur
Côtoyer la mort nous rappelle que nous sommes vivants et que cette vie peut s'arrêter à chaque instant. Rien de macabre dans cette constatation, juste une réalité qui ne doit pas nous attrister, mais seulement nourrir la joie de l'instant présent. Personnellement je n'ai plus de grands projets, ceux-ci se mettent en place au quotidien. J'essaie de faire ce qui me tient à cœur sans le remettre toujours à plus tard, car "plus tard" est une illusion qui n'existera peut-être jamais. Chaque jour en me levant je célèbre la vie d'un regard vers l'extérieur, de la joie d'être là aujourd'hui encore, à l'image de mes oiseaux qui chantent aux premières lueurs du jour dans le froid glacial qui règne actuellement. Et cette phrase longtemps incomprise pour moi prend tout son sens : Heureux les simples d'esprit
Ma seule tristesse est d'observer toutes ces personnes endormies, parfois déjà mortes d'une certaine manière, courir comme des zombies après un bonheur illusoire qui ne peut que mener aux regrets et à la désillusion. Alors j'espère parfois que mes mots puissent aider ces êtres à retrouver la vue, celle du cœur...
Merci Marielle pour cette belle réflexion
Dans notre société l'être humain doit souvent approcher la mort pour prendre conscience qu'il est vivant. Etre vivant est tristement routinier et banal pour la plupart des gens qui ont oublié que "vie sur terre" ne rime pas avec "éternité". J'ai senti bien souvent le regret dans les propos de personnes en fin de vie, ce regret de ne pas avoir vraiment vécu, de ne pas avoir osé, d'être passé à côté... Ça m'a personnellement profondément interpellé !
Ainsi je crois avoir appris au fil du temps à célébrer la vie à ma façon, plutôt discrètement, dans la contemplation, les joies simples que peuvent me procurer une parole, un paysage, un oiseau... Et cela m'emplit de bonheur, sans raison diront certains, ne comprenant pas que l'on puisse s'extasier devant tant de banalité ! Mais pour rien au monde je n'échangerais ma vie banale avec leur prétendu bonheur
Côtoyer la mort nous rappelle que nous sommes vivants et que cette vie peut s'arrêter à chaque instant. Rien de macabre dans cette constatation, juste une réalité qui ne doit pas nous attrister, mais seulement nourrir la joie de l'instant présent. Personnellement je n'ai plus de grands projets, ceux-ci se mettent en place au quotidien. J'essaie de faire ce qui me tient à cœur sans le remettre toujours à plus tard, car "plus tard" est une illusion qui n'existera peut-être jamais. Chaque jour en me levant je célèbre la vie d'un regard vers l'extérieur, de la joie d'être là aujourd'hui encore, à l'image de mes oiseaux qui chantent aux premières lueurs du jour dans le froid glacial qui règne actuellement. Et cette phrase longtemps incomprise pour moi prend tout son sens : Heureux les simples d'esprit
Ma seule tristesse est d'observer toutes ces personnes endormies, parfois déjà mortes d'une certaine manière, courir comme des zombies après un bonheur illusoire qui ne peut que mener aux regrets et à la désillusion. Alors j'espère parfois que mes mots puissent aider ces êtres à retrouver la vue, celle du cœur...
- Annie
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Re: Célébrer la Vie
Merci Marielle de ce très beau témoignage, très touchant
Cela me rappelle le départ de mon oncle, un oncle par alliance, adorable, un vrai coup de nous unissait.
Lorsque j'avais à peine 30 ans, j'ai été opérée à trois reprises en cinq semaines. Trois anesthésies générales, une transfusion sanguine nécessaire et suite à tout cela, une immense fatigue.
J'étais dans mon lit de retour à la maison, sans forces, sans goût, incapable de m'occuper de ma petite de 2 ans, de mon grand d'à peine 5 ans, et encore moins de la maison.
Mon mari avait épuisé tous ses congés, ma mère était venue et repartie très vite, et alors je me souviens qu'un soir j'ai vu un homme en pardessus de drap bleu-marine, se pencher vers moi, m'embrasser avec tendresse et me dire qu'il était là pour veiller sur moi et s'occuper des enfants.
A l'époque cet homme était un célibataire de 60 ans, sans aucune expérience de la vie de famille, encore moins des enfants, un original, pour ne pas dire un marginal, qui offrait un repas à un inconnu dans la rue, souvent une nuitée aussi aux démunis de passage, et je pense qu'il a aussi dépanné financièrement pas mal de monde! Un libre-penseur qui refusait de rentrer dans le rang rien que pour faire plaisir à la majorité.
D'un coup, la maison a été calme, enfin, j'entendais surtout les portes des placards qui s'ouvraient, se fermaient, les bruits de vaisselle, et ces mots en réponse au babillage incessant de ma fille " Mais oui, tu as raison, mais oui tu es belle, tiens, prends un bonbon, un seul ... mais oui, tu as raison ..."
J'étais bercée par leur bavardage de loin, et je sombrais pourtant toujours ... Il s'occupait de moi avec infiniment de délicatesse, remontait mes oreillers, aérait la chambre, me préparait mes repas et m'aidait du mieux, mais j'étais spectatrice de ce qui se passait.
Et puis, un soir, les enfants étaient couchés et les deux hommes ( mon mari et son oncle, donc) dînaient tous deux à la cuisine.
J'ai réalisé que j'allais "partir" si je ne réagissais pas, et dans un effort surhumain, je me suis levée, j'ai traversé le couloir, descendu les quelques marches menant au reste de la maison qui est toute en longueur, et je me suis encadrée dans la porte de la cuisine en me tenant aux murs.
Ils ont eu un choc, croyant voir un fantôme J'ai demandé à ce que chacun d'eux me prenne par un bras et me soutienne pour aller marcher dehors, à une heure ou personne ne nous verrait.
J'ai senti l'air vif entrer dans mes poumons, comme une seconde naissance, j'ai eu envie de m'accrocher, et à partir de ce moment, ma convalescence a commencé.
Une fois remise, je m'étais promis que si un jour cet homme était dans la peine, je ferais tout mon possible pour lui, en retour. Et ce moment est arrivé ... 22 ans plus tard, ou entre temps, il s'est marié et a vécu heureux 20 ans avec sa femme. Après son veuvage, sa santé a nécessité des soins importants, et j'ai campé dans son appartement parisien, pour être près de lui jusqu'au bout.
Le jour de son enterrement, avec mon fils, nous étions dans le corbillard, deux sièges en vis à vis, le long du cercueil, et ma main était posée sur le bois, comme si elle était sur son cœur.
Le chauffeur conduisait en silence, tout était feutré, silencieux ... trop silencieux dans cette journée grise de fin mars parisienne. Soudain, sans même réfléchir à ce que je disais, j'ai demandé au chauffeur si le véhicule était équipé de la radio? Surpris, il s'est retourné vers moi, pour être certain que je lui parlais bien à lui, sans doute!
"Oui, Madame" me dit'il.
"Pouvez-vous trouver une station musicale, car l'homme qui est là aimait la vie, était généreux, et surtout n'aimait pas du tout ce qui était trop sérieux".
Et voilà que le corbillard continua sa route vers un célèbre cimetière parisien, sur un premier hymne entraînant, du bien nommé Georges ( comme cet oncle défunt ), grattant sa guitare et chantant "Les copains d'abord", titre prédestiné
Arrivés à l'entrée, le chauffeur abaissa sa vitre pour demander l'accès, et là, on a pu voir la stupeur du réceptionniste qui jeta un rapide coup d’œil à l'intérieur pour s'assurer qu'il y avait bien "du monde mort"
En descendant, j'ai demandé au chauffeur s'il ne pensait pas que nous manquions de respect, et ses paroles ont été que nous avions sans doute fait un sacré plaisir à cet homme, et que ce clin d’œil renvoyait aussi beaucoup d'amour et d'attention vers lui, ce qui était vrai.
Alors, oui, dans ma maison maintenant, là même d'ou je vous écris, c'est sur une petite table de bridge qui était à lui, que j'ai installé mon coin bureau, et lorsqu'il a fallu libérer son appartement en étages, j'ai au bout de quelques voyages entre l'appart et la voiture garée loin, troqué ma place avec un sans-abri, assis sur un muret devant la boulangerie du coin. J'ai gardé ses affaires et sa sébile, lui troquant deux chaises sous le bras pour suivre mon mari jusqu'à la voiture. Quand celui-ci s'est retourné et a vu la scène, tout comme les nombreux clients de la boulangerie en ce dimanche matin, un éclat de rire général s'est propagé.
Il a fait ainsi plusieurs voyages, et bien que ne parlant pas du tout la même langue, le contact est passé. A la fin, nous lui avons fait choisir dans le vestiaire tout ce qui pourrait lui faire plaisir et lui convenir, étant sensiblement du même gabarit. Son choix s'est porté sur du linge de corps de qualité, des chaussettes neuves, un blouson, une ceinture et des chaussures.
De mon côté, j'ai remercié les gens qui donnaient leur petite monnaie en sortant de la boutique ( mais non, j'ai pas gardé les sous!!!), et durant cet échange, je pensais à mon oncle qui devait nous observer du coin de son nuage, et sans doute approuver cette scène.
Voilà, en effet célébrons la Vie et gardons au cœur les moments de partage authentiques avec ceux que nous aimons, qu'ils soient festifs ou dans l'émotion ...
Love & ligth
Je rédigeais, et je ne vois qu'après coup ton très beau message André ...
Cela me rappelle le départ de mon oncle, un oncle par alliance, adorable, un vrai coup de nous unissait.
Lorsque j'avais à peine 30 ans, j'ai été opérée à trois reprises en cinq semaines. Trois anesthésies générales, une transfusion sanguine nécessaire et suite à tout cela, une immense fatigue.
J'étais dans mon lit de retour à la maison, sans forces, sans goût, incapable de m'occuper de ma petite de 2 ans, de mon grand d'à peine 5 ans, et encore moins de la maison.
Mon mari avait épuisé tous ses congés, ma mère était venue et repartie très vite, et alors je me souviens qu'un soir j'ai vu un homme en pardessus de drap bleu-marine, se pencher vers moi, m'embrasser avec tendresse et me dire qu'il était là pour veiller sur moi et s'occuper des enfants.
A l'époque cet homme était un célibataire de 60 ans, sans aucune expérience de la vie de famille, encore moins des enfants, un original, pour ne pas dire un marginal, qui offrait un repas à un inconnu dans la rue, souvent une nuitée aussi aux démunis de passage, et je pense qu'il a aussi dépanné financièrement pas mal de monde! Un libre-penseur qui refusait de rentrer dans le rang rien que pour faire plaisir à la majorité.
D'un coup, la maison a été calme, enfin, j'entendais surtout les portes des placards qui s'ouvraient, se fermaient, les bruits de vaisselle, et ces mots en réponse au babillage incessant de ma fille " Mais oui, tu as raison, mais oui tu es belle, tiens, prends un bonbon, un seul ... mais oui, tu as raison ..."
J'étais bercée par leur bavardage de loin, et je sombrais pourtant toujours ... Il s'occupait de moi avec infiniment de délicatesse, remontait mes oreillers, aérait la chambre, me préparait mes repas et m'aidait du mieux, mais j'étais spectatrice de ce qui se passait.
Et puis, un soir, les enfants étaient couchés et les deux hommes ( mon mari et son oncle, donc) dînaient tous deux à la cuisine.
J'ai réalisé que j'allais "partir" si je ne réagissais pas, et dans un effort surhumain, je me suis levée, j'ai traversé le couloir, descendu les quelques marches menant au reste de la maison qui est toute en longueur, et je me suis encadrée dans la porte de la cuisine en me tenant aux murs.
Ils ont eu un choc, croyant voir un fantôme J'ai demandé à ce que chacun d'eux me prenne par un bras et me soutienne pour aller marcher dehors, à une heure ou personne ne nous verrait.
J'ai senti l'air vif entrer dans mes poumons, comme une seconde naissance, j'ai eu envie de m'accrocher, et à partir de ce moment, ma convalescence a commencé.
Une fois remise, je m'étais promis que si un jour cet homme était dans la peine, je ferais tout mon possible pour lui, en retour. Et ce moment est arrivé ... 22 ans plus tard, ou entre temps, il s'est marié et a vécu heureux 20 ans avec sa femme. Après son veuvage, sa santé a nécessité des soins importants, et j'ai campé dans son appartement parisien, pour être près de lui jusqu'au bout.
Le jour de son enterrement, avec mon fils, nous étions dans le corbillard, deux sièges en vis à vis, le long du cercueil, et ma main était posée sur le bois, comme si elle était sur son cœur.
Le chauffeur conduisait en silence, tout était feutré, silencieux ... trop silencieux dans cette journée grise de fin mars parisienne. Soudain, sans même réfléchir à ce que je disais, j'ai demandé au chauffeur si le véhicule était équipé de la radio? Surpris, il s'est retourné vers moi, pour être certain que je lui parlais bien à lui, sans doute!
"Oui, Madame" me dit'il.
"Pouvez-vous trouver une station musicale, car l'homme qui est là aimait la vie, était généreux, et surtout n'aimait pas du tout ce qui était trop sérieux".
Et voilà que le corbillard continua sa route vers un célèbre cimetière parisien, sur un premier hymne entraînant, du bien nommé Georges ( comme cet oncle défunt ), grattant sa guitare et chantant "Les copains d'abord", titre prédestiné
Arrivés à l'entrée, le chauffeur abaissa sa vitre pour demander l'accès, et là, on a pu voir la stupeur du réceptionniste qui jeta un rapide coup d’œil à l'intérieur pour s'assurer qu'il y avait bien "du monde mort"
En descendant, j'ai demandé au chauffeur s'il ne pensait pas que nous manquions de respect, et ses paroles ont été que nous avions sans doute fait un sacré plaisir à cet homme, et que ce clin d’œil renvoyait aussi beaucoup d'amour et d'attention vers lui, ce qui était vrai.
Alors, oui, dans ma maison maintenant, là même d'ou je vous écris, c'est sur une petite table de bridge qui était à lui, que j'ai installé mon coin bureau, et lorsqu'il a fallu libérer son appartement en étages, j'ai au bout de quelques voyages entre l'appart et la voiture garée loin, troqué ma place avec un sans-abri, assis sur un muret devant la boulangerie du coin. J'ai gardé ses affaires et sa sébile, lui troquant deux chaises sous le bras pour suivre mon mari jusqu'à la voiture. Quand celui-ci s'est retourné et a vu la scène, tout comme les nombreux clients de la boulangerie en ce dimanche matin, un éclat de rire général s'est propagé.
Il a fait ainsi plusieurs voyages, et bien que ne parlant pas du tout la même langue, le contact est passé. A la fin, nous lui avons fait choisir dans le vestiaire tout ce qui pourrait lui faire plaisir et lui convenir, étant sensiblement du même gabarit. Son choix s'est porté sur du linge de corps de qualité, des chaussettes neuves, un blouson, une ceinture et des chaussures.
De mon côté, j'ai remercié les gens qui donnaient leur petite monnaie en sortant de la boutique ( mais non, j'ai pas gardé les sous!!!), et durant cet échange, je pensais à mon oncle qui devait nous observer du coin de son nuage, et sans doute approuver cette scène.
Voilà, en effet célébrons la Vie et gardons au cœur les moments de partage authentiques avec ceux que nous aimons, qu'ils soient festifs ou dans l'émotion ...
Love & ligth
Je rédigeais, et je ne vois qu'après coup ton très beau message André ...
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Re: Célébrer la Vie
Là, c'est sûr, je vais faire de beaux rêves...
"alors, quand l'homme chante, c'est qu'il est libre"
Re: Célébrer la Vie
Salut
Moi je travaille depuis peu dans un EHPAD.
J'ai souvent le sourire, blague avec les résidents, même avec ceux qui ne semblent rien entendre, mais qui au final te regardent avec le sourire.
Cependant il me semble que la maltraitance y règne sournoisement.
Peu de personnel, certains résidents sont mis au lit dès 15h30, après ce qu'ils appellent "collation", d'autres ne sortent pas de leur lit de la journée si le matin ils ont demandé de se reposer.
Il y a une "boutique" où chacun peut acheter des friandises, boissons et autres gourmandises, mais certains n'y ont pas le droit à cause de leur diabète, ou parce qu'ils ont pris du poids.
Une scène s'est passée la semaine dernière:
Une animatrice de la boutique vient me voir car une dame voulait acheter des gâteaux secs et des caramels. Comme elle avait un dentier elle m'a demandé de lui expliquer qu'elle ne pouvait pas les prendre, mais de s'orienter plutôt vers des choses facile à manger.
Un peu plus tard, cette même animatrice vient vers moi scandalisée, car unee aide soignante est arrivé à la boutique, à tout rendu, en prétextant que cette dame n'avait "pas le droit au sucre". Une dame de 92 ans qui voulait se faire plaisir......
L'animatrice s'est pratiquement faite engueuler, comme si elle devait connaitre la pathologie de plus de 300 résidents, et empêcher les uns et les autres de s'offrir une pause douceur à leur âge.
Alors que la politique de l'EHPAD s'est que le résident fasse ce qu'il veut, participe ou non aux activités proposées, se lève et se couche comme bon lui semble, comme à la maison quoi! Et bien non, certains font du zèle.
Du coup certains résidents achètent des sucreries et les montent dans leur chambre en cachette, d'autres demandent à leurs enfants (s'ils ont encore de la famille qui vient les visiter) de leur apporter brioches, bonbons et douceurs.
Je trouve cela particulièrement scandaleux d'en arriver là, de priver ces personnes si âgées de se faire du bien.
J'aurais pensé autrement si ces personnes se trouvaient en hôpital ou clinique, mais dans une maison de retraite, dans laquelle les personnes sont en fin de vie je trouve cela grotesque. Ils payent entre 1800 et 2400 euros par mois et on les prive de petits bonheurs!
Chaque jour je vois des personnes que l'on ne change pas, qu'on ne lave pas, faute de manque de personnel. Parfois règne dans la salle d'activité des odeurs nauséabondes. Souvent ces mêmes personnes à qui on a refusé pas mal de choses décèdent le lendemain, seuls, sans famille pour les soutenir.
Alors oui.. Célébrons la vie!!!! Apportons à ceux qui sont abandonnés du bonheur!!!
Partageons notre bonne humeur avec ceux qui en ont tant besoin....
Vive la vie !
Remarque de l'administrateur : Pour les deux tiers de nos lecteurs qui n'ont jamais entendu parler d'EHPAD, cette abréviation signifie : "Etablissement Hébergeant des Personnes Agées Dépendantes" L'institution équivaut aux EMS (Etablissement Médico-Social) et home en Suisse.
Moi je travaille depuis peu dans un EHPAD.
J'ai souvent le sourire, blague avec les résidents, même avec ceux qui ne semblent rien entendre, mais qui au final te regardent avec le sourire.
Cependant il me semble que la maltraitance y règne sournoisement.
Peu de personnel, certains résidents sont mis au lit dès 15h30, après ce qu'ils appellent "collation", d'autres ne sortent pas de leur lit de la journée si le matin ils ont demandé de se reposer.
Il y a une "boutique" où chacun peut acheter des friandises, boissons et autres gourmandises, mais certains n'y ont pas le droit à cause de leur diabète, ou parce qu'ils ont pris du poids.
Une scène s'est passée la semaine dernière:
Une animatrice de la boutique vient me voir car une dame voulait acheter des gâteaux secs et des caramels. Comme elle avait un dentier elle m'a demandé de lui expliquer qu'elle ne pouvait pas les prendre, mais de s'orienter plutôt vers des choses facile à manger.
Un peu plus tard, cette même animatrice vient vers moi scandalisée, car unee aide soignante est arrivé à la boutique, à tout rendu, en prétextant que cette dame n'avait "pas le droit au sucre". Une dame de 92 ans qui voulait se faire plaisir......
L'animatrice s'est pratiquement faite engueuler, comme si elle devait connaitre la pathologie de plus de 300 résidents, et empêcher les uns et les autres de s'offrir une pause douceur à leur âge.
Alors que la politique de l'EHPAD s'est que le résident fasse ce qu'il veut, participe ou non aux activités proposées, se lève et se couche comme bon lui semble, comme à la maison quoi! Et bien non, certains font du zèle.
Du coup certains résidents achètent des sucreries et les montent dans leur chambre en cachette, d'autres demandent à leurs enfants (s'ils ont encore de la famille qui vient les visiter) de leur apporter brioches, bonbons et douceurs.
Je trouve cela particulièrement scandaleux d'en arriver là, de priver ces personnes si âgées de se faire du bien.
J'aurais pensé autrement si ces personnes se trouvaient en hôpital ou clinique, mais dans une maison de retraite, dans laquelle les personnes sont en fin de vie je trouve cela grotesque. Ils payent entre 1800 et 2400 euros par mois et on les prive de petits bonheurs!
Chaque jour je vois des personnes que l'on ne change pas, qu'on ne lave pas, faute de manque de personnel. Parfois règne dans la salle d'activité des odeurs nauséabondes. Souvent ces mêmes personnes à qui on a refusé pas mal de choses décèdent le lendemain, seuls, sans famille pour les soutenir.
Alors oui.. Célébrons la vie!!!! Apportons à ceux qui sont abandonnés du bonheur!!!
Partageons notre bonne humeur avec ceux qui en ont tant besoin....
Vive la vie !
Remarque de l'administrateur : Pour les deux tiers de nos lecteurs qui n'ont jamais entendu parler d'EHPAD, cette abréviation signifie : "Etablissement Hébergeant des Personnes Agées Dépendantes" L'institution équivaut aux EMS (Etablissement Médico-Social) et home en Suisse.
Re: Célébrer la Vie
Merci pour ces témoignages.
Re: Célébrer la Vie
Je découvre ce sujet, merci à tous pour vos écrits.
Annie, un long frisson m'a parcouru pendant que je lisais ton message, j'en ai même eu les larmes aux yeux! Ton histoire, et la façon dont tu la relates sont vraiment communicatives!
Je te rejoins tout à fait André. Moi, depuis toujours, j'ai cet amour de ce qui m'entoure, les arbres, les oiseaux! Petite, on me reprochait souvent d'être "tête en l'air". Je me souviens bien de l'expression de ma mère qui revenait : "dans la lune" . Moi, j'aimais bien!! Alors, peut-être manquais-je un peu d'ancrage, certes, mais j'étais dans cette contemplation qui reste étrangère à beaucoup.
En ce moment, ce qui me fait me sentir en vie, c'est l'odeur des feuilles mortes, surtout les feuilles d'érables qu'il y a beaucoup par chez-moi. Elle ont une fragrance particulière, j'adore cette odeur. Et un vrai plaisir, c'est de marcher dedans, et de les sentir crisser sous mes pas!!
Annie, un long frisson m'a parcouru pendant que je lisais ton message, j'en ai même eu les larmes aux yeux! Ton histoire, et la façon dont tu la relates sont vraiment communicatives!
André Baechler a écrit : Ainsi je crois avoir appris au fil du temps à célébrer la vie à ma façon, plutôt discrètement, dans la contemplation, les joies simples que peuvent me procurer une parole, un paysage, un oiseau... Et cela m'emplit de bonheur, sans raison diront certains, ne comprenant pas que l'on puisse s'extasier devant tant de banalité ! Mais pour rien au monde je n'échangerais ma vie banale avec leur prétendu bonheur
Je te rejoins tout à fait André. Moi, depuis toujours, j'ai cet amour de ce qui m'entoure, les arbres, les oiseaux! Petite, on me reprochait souvent d'être "tête en l'air". Je me souviens bien de l'expression de ma mère qui revenait : "dans la lune" . Moi, j'aimais bien!! Alors, peut-être manquais-je un peu d'ancrage, certes, mais j'étais dans cette contemplation qui reste étrangère à beaucoup.
En ce moment, ce qui me fait me sentir en vie, c'est l'odeur des feuilles mortes, surtout les feuilles d'érables qu'il y a beaucoup par chez-moi. Elle ont une fragrance particulière, j'adore cette odeur. Et un vrai plaisir, c'est de marcher dedans, et de les sentir crisser sous mes pas!!
Je suis également très triste de voir tous ces gens courir après l'argent, la réussite "sociale", et oublier le sens profond des choses. Passer deux heures par jour dans les bouchons, récupérer les enfants à 20 h le soir parce qu'ils "n'ont pas le choix", et passer à côté de tous ces moments de bonheur et de partage...André Baechler a écrit : Ma seule tristesse est d'observer toutes ces personnes endormies, parfois déjà mortes d'une certaine manière, courir comme des zombies après un bonheur illusoire qui ne peut que mener aux regrets et à la désillusion. Alors j'espère parfois que mes mots puissent aider ces êtres à retrouver la vue, celle du coeur...
Bilbaw
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Re: Célébrer la Vie
Je me permets de rebondir sur l'intervention de bethyeb car je suis aide-soignant en EHPAD. Si je partage plusieurs aspects de son expérience sur la maltraitance institutionnelle aux personnes soignées, je nuance son propos en rappelant que certains soignants prodiguent encore une qualité de soins exceptionnelle malgré des conditions parfois désastreuses (ce qui n'est pas mon cas, je dois le dire, au risque de choquer. Mais je suis au clair avec ma pratique professionnelle et prends la pleine responsabilité de mes actes à ce niveau).
La question de la célébration de la vie comme question de société me paraît hypocrite quand je vois comment la société organise de plus en plus une maltraitance institutionnalisée en n'allouant pas les crédits nécessaires au bon fonctionnement de plus en plus d'unités de soins (notamment en gériatrie et en psychiatrie).
Ainsi j'imagine qu'il ne faut compter que sur soi pour être réceptif à la vie tel un "Zorba le Bouddha" (comme l'enseignait Osho). Même si régulièrement, en se donnant la peine d'être ouvert, on croise sur sa route des éveilleurs qui nous rappellent à la vie, nous et les autres.
Néanmoins mon expérience professionnelle en gériatrie à tendance à me montrer qu'une majorité de nos anciens préfèrent s'anesthésier, ne plus vouloir être vivants et attendre la mort par défaut. J'ai parfois l'impression de travailler dans un hall de gare où les gens se morfondent en attendant leur train...
La question de la célébration de la vie comme question de société me paraît hypocrite quand je vois comment la société organise de plus en plus une maltraitance institutionnalisée en n'allouant pas les crédits nécessaires au bon fonctionnement de plus en plus d'unités de soins (notamment en gériatrie et en psychiatrie).
Ainsi j'imagine qu'il ne faut compter que sur soi pour être réceptif à la vie tel un "Zorba le Bouddha" (comme l'enseignait Osho). Même si régulièrement, en se donnant la peine d'être ouvert, on croise sur sa route des éveilleurs qui nous rappellent à la vie, nous et les autres.
Néanmoins mon expérience professionnelle en gériatrie à tendance à me montrer qu'une majorité de nos anciens préfèrent s'anesthésier, ne plus vouloir être vivants et attendre la mort par défaut. J'ai parfois l'impression de travailler dans un hall de gare où les gens se morfondent en attendant leur train...
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Re: Célébrer la Vie
Bonjour
Je trouve qu'il existe de multiples façons de célébrer la vie dans notre société (et je l'affirme tout en étant très en décalage avec cette même société). J'accompagne par exemple des personnes proches du grand départ et il nous arrive bien souvent de célébrer la vie par de petits actes ou plaisirs qui peuvent aller d'un simple moment partagé au plaisir de savourer un carré de chocolat... Pas besoin d'attendre que la société change pour célébrer la vie, chacun à notre façonMillezieux a écrit :La question de la célébration de la vie comme question de société me paraît hypocrite quand je vois comment la société organise de plus en plus une maltraitance institutionnalisée
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