Annie, je comprends entièrement ce que tu vis. Dans d'autres situations, j'ai aussi vécu cette manière d'être cette "surface de projection" qu'implique un rôle de recadrage: ce n'est vraiment pas facile de contenir, éclaircir, recadrer, définir des limites, et tout cela dans la bonne humeur et le respect de tous.
Pour ma part je te suis très reconnaissante, ainsi qu'à Martine, de votre savoir-faire en la matière, tout en clarté et en maîtrise de soi, et de l'intégrité et la qualité des personnes que vous êtes: authentiques, sensibles, congruentes, attentionnées, courageuses, soucieuses de l'ensemble des participants au forum. Chapeau!
Pour ma part, je pense que tout a quelque chose à nous apprendre – si nous tous ici sommes capables de vivre ce qui s'est vécu ces derniers jours ici, c'est que nous pouvons à notre petite échelle faire avancer l'humain dans sa route à travers l'obscurité vers plus de responsabilité et de maturité.
Je suis persuadée depuis longtemps que ce n'est pas en faisant table rase de tous les aspects sombres en nous et autour de nous que nous pouvons œuvrer vers plus de lumière et de liberté.
Je pense que c'est en voyant en pleine lumière tout ce que nous avons en nous, sans discrimination, que nous pouvons faire avancer l'humain.
Voir tout, c'est accepter de laisser le phare de la conscience tout éclairer en nous, sans jugement, et juste voir ce qui est là (je relisais l'autre jour Krishnamurti à ce sujet,
voir ce post).
Dire oui à tout ce qui est là – d'ailleurs l'illusion, c'est de croire qu'on peut dire non…
Si on ne regarde pas tout de soi sans discrimination, sans jugement, c'est comme si on commençait à dire: ça c'est beau, je garde, ça ce n'est pas beau, je projette à l'extérieur de moi.
En tant qu'éclats du vivant, comme un morceau d'hologramme, nous avons chacun tout en nous, tout ce dont est capable l'humanité, ne l'oublions pas!
¦¦¦
Je pense qu'il est maintenant extrêmement urgent de voir toutes ces parts en soi, comme on dénombrerait ce qu'il y a dans une malle: oui j'ai en moi en vrac de l'amour inconditionnel, de l'amour conditionnel, de l'égoïsme, de la générosité, de l'envie, de la tendresse, de la violence, de la petitesse, du courage, de la peur, de l'angoisse, du désir, de la paresse…
Après, il ne s'agit pas de froisser la liste et de la jeter aux oubliettes
, mais de garder le phare actif et de reconnaître à tout instant ce qui nous é-meut. Pas demain, mais maintenant: être à tout instant en alerte sur les mouvements du vivant en nous – c'est ceci qui bouge en moi, c'est cela.
Bien sûr ce n'est pas facile. Je dis cela, mais je n'y suis pas, loin s'en faut! Mais chaque instant de clarté en vaut la peine: il n'y que lorsqu'on ne voit pas les aspects destructeurs de soi qu'ils ont du pouvoir. La clarté du phare dissout instantanément leur pouvoir d'action (qui pourrait vraiment voir qu'il est atrocement cruel par exemple et continuer?)…
Tout ça pour dire que les moments sombres vécus ici ont selon moi ceci d'extraordinairement riche: nous permettre à chacun de voir notre part d'ombre, et de la garder à l'œil avec bienveillance.
Je vous souhaite à tous de belles fêtes de fin d'année, avec l'interrupteur du phare sur "on" (ö)
Bien à vous